ANNE TOUSSAINTE DE VOLVIRE :

(Extrait de l’abbé David, cahiers de 1897 à 1910)

Elle était la fille aînée de Charles de Volvire et de Anne de Cadillac de Locmalo. Baptisée dans l’église de Néant, sa paroisse, le 2 novembre 1653. Elle eut pour parrain Jean Gaspais et pour marraine Julienne Nouvel, pauvres. L’acte est signé Janvion, recteur. A 17 ans Anne Toussainte fut miraculeusement sauvée d’un horrible danger. C’est pourquoi elle se voua à Dieu et lui consacra désormais son cœur. S’étant affiliée à la congrégation naissante des Dames de la Retraite, elle s’adonna à l’instruction et au soulagement des pauvres. Sa vie fut remplie de bonnes oeuvres,  de bons exemples, de sainteté.

                Quand elle mourut le 20 février 1694, son corps fut placé dans la chapelle du château qui n’existe plus. Des jeunes filles pieuses et pauvres  se disputaient l’honneur de porter à bras la bière de la défunte. A un kilomètre du bourg  de Néant, on fit un dernier arrêt et le corps fut déposé à terre. Des prières furent récitées dans les larmes et le recueillement. Les jeunes filles reprirent la bière et se remirent en marche… Mais, o surprise, une belle source inconnue jusqu’alors jaillit soudain au milieu de la route de l’endroit même que la bière venait de toucher ! Un même cri sortit de tous les coeurs :Dieu manifeste ainsi la sainteté et la gloire céleste de sa servante.

                Une fosse était creusée dans l’église auprès des fonts du baptème. Le corps y fut déposé.

                On écrivit sur le registre commun, l’acte suivant :

                « Ce jour 21 février 1694 a été inhumé, dans l’église de Néant, au haut des fonts baptismaux, du côté vers minuit où est la sainte piscine, comme elle l’a demandé par son testament le corps de Anne Toussainte de Volvire, fille aînée de feu Messire Charles de Volvire et de dame Anne de Cadillac, seigneur et dame du Bois de la Roche ; la dite demoiselle âgée environ de 40 ans et après avoir  reçu les sacrements de pénitence, d’eucharistie et d’extrême-onction  de dom Jean Eon pendant qu’elle demeurait à Ploërmel et décédée le jour d’hier environ midi et le fait aux présences d’André demeurant au Bois de la Roche, Louis Chotard et Mathurin Busnel de ce bourg et autres qui ne savent signer. Tressard, prêtre.  

                Ensuite une autre main et une autre écriture ont ajouté : « Morte en odeur de sainteté. »

                Son testament est du 10 février 1694, portant 50 sols de rentes à l’hôpital de Saint Brieuc et 200 livres à celui de Ploërmel. Exécuteur, M de Trécesson.

                Depuis lors de nombreuses faveurs ont été obtenues par son intention et le peuple l’appelle communément « la Sainte de Néant ». M Guillotin, pendant les mauvais jours écrit : « Le Tombeau de Mlle du Bois de la Roche a été toujours dans l’église et honoré par l’influence des pieux fidèles. Le concours des pèlerins a continué et aujourd’hui, 1906, il n’est guerre de dimanche pendant la belle saison ou l’on ne voit des charretées de personnes se diriger vers Néant. Il y a foule le dimanche de la solennité de sainte Anne et le 15 août jour de l’assomption.

                Le tombeau actuel de la sainte dû aux soins de M Noël, recteur de Néant, consiste dans une bière simulée en marbre blanc sur laquelle est inscrite l’épitaphe de la sainte et ressort son portrait. Il est entouré d’une grille carrée en fer. Il a été défendu par l’autorité ecclésiastique d’allumer des cierges à ce tombeau.

                Le 28 juillet 1713, Anne de Cadillac, mère de Toussainte, âgée de 77 ans, décédée la veille au château du Bois de la Roche, fut sur sa demande, enterrée dans la première place au-dessus du tombeau de sa fille Anne Toussainte de Volvire.

                Les nombreux pèlerins  qui viennent faire à Néant un voyage à la sainte, commencent leur visite par le tombeau puis vont à la sacristie où l’on conserve son portrait, et se rendent à la fontaine située à 800 mètres du bourg sur le chemin du Bois de la Roche.

                Le portrait authentique d’Anne Toussainte a été donné à une vieille domestique des Magon lors de la liquidation pour prix de ses gages. Elle habite le Bois de la Roche (au-dessus de halles) et le montre volontiers aux visiteurs. Il est de grandes dimensions et peint sur toile. Anne Toussainte est représentée en pleine jeunesse, en habit du monde. L’encadrement doré porte un cachet de vétusté qui le fait d’avantage apprécié des connaisseurs. On a demandé avec instance à la bonne demoiselle de le cédé à la paroisse de Néant pour un prix raisonnable. Mais elle n’a pas voulu. Des artistes sont venus de loin en prendre une copie, quelques uns ont tenté de l’acheter, mais en vain. Croyant trouver un prix colossal la demoiselle l’a fait en 1905 transporter à Paris. Je crois qu’elle a été déçue dans ses espérances. En somme il est regrettable que ce souvenir paroissial n’ait pas été laissé à Néant. C’est le portrait de Toussainte en habit religieux qui est le plus répandu dans le pays.

                Les faveurs spirituelles et temporelles attribuées à l’intercession  de Mlle Anne  Toussainte de Volvire sont consignées dans un registre conservé et tenu par le clergé paroissial. Le recteur acteur de Néant, après une courte notice sur la sainte en fit incérer quelques unes dans la semaine religieuse de Vannes, mars 1894.

                Un chanoine de Vannes, M …  esquissa la vie de la sainte vers 1830. M Piéderrière de Mauron publia en 1871, une biographie d’Anne Toussainte qui propagea sa dévotion. (40 pages).

                Les habitants de Néant ont une grande confiance dans leur sainte. Le 12 mars 1906 lors de la tentation d’inventaires de l’église, ils avaient fortement barricadé toutes les portes sur chacune desquelles ils avaient placé l’image d’Anne Toussainte de Volvire. Quand De Rudyas et les gendarmes de Mauron furent partis sans avoir pu rien faire devant l’attitude énergique du recteur et des gars de Néant, le recteur promis de poser dans l’église un vitrail qui  la puissante protection de la sainte envers ses enfants de Néant. En cette journée mémorable, Néant justifia son titre de chrétien. 

 

                Concernant le tombeau :

                Il était situé au fond de l’église près des fonts baptismaux. Anne Toussainte de Volvire y fut enterrée le 21 février 1694.

                A la fin du XVIIème siècle, l’évêque de Saint Malo autorisa le recteur de Néant à faire entourer d’une grille le tombeau et le recouvrir d’un dais et d’un pavillon de dix-sept pieds. On peignit aussi l’effigie de la sainte sur le vitrail au-dessus des fonts baptismaux.

                Il existe deux portraits de la sainte de Néant. L’un peint à Paris en 1670 lors d’un voyage avec sa tante.  Elle avait dix-sept ans et était représentée en costume de cour. Longtemps conservé dans le village du Bois de la Roche, une domestique qui en avait hérité des Magon, crut en tirer une bonne somme en le renvoyant à Paris. Ce tableau a disparu aujourd’hui.

                Il existe un deuxième tableau visible dans les églises du Bois de la Roche et de Kernéant : il représente la sainte habillée en religieuse et tenant une tête de mort entre ses mains !

                « En 1840, au rapport de la tradition,  la peur d’un vol sacrilège fit qu’il fut procédé secrètement à l’exhumation du corps de Mademoiselle du Bois de la Roche. Dans le caveau de son tombeau ouvert après 154 ans de sépulture, se trouvèrent des ossements, un linge et de la poussière de son corps (1). Recueillis par les prêtres de la paroisse de Néant, ces précieux restes furent déposés dans une cassette et confiés au coffre-fort  de la sacristie de l’église. En ce temps là, le tombeau de la servante de Dieu, toujours entouré d’une grille, demeura surmonté d’un pavillon carré, formant un dais orné d’étoffe précieuse. Vingt-six ans plus tard, vers 1866, Mgr Bécel, évêque de Vannes, authentifia ces restes vénérés.

                La cassette les renfermant, munie du sceau épiscopal, fut déposée, sans cérémonie aucune, dans le caveau primitif d’où ils avaient été retirés en 1840.

                La générosité des fidèles a permis en 1881, d’ériger un tombeau de marbre blanc avec une grille superbe sur les précieux restes du corps de la servante de Dieu. Le 24 octobre de la même année, Mgr Bécel, évêque de Vannes, présent à la mission du jubilé, a bénit solennellement ce tombeau. Cérémonie touchante où se pressait un grand nombre de fidèles réunis pour les exercices de la mission.

  • Les anciens de Néant et ceux du Bois de la Roche nous apprennent, en effet, qu’à cette époque, les puissantes maisons du Fresne et du Bois de la Roche étaient divisées d’opinion à propos de la création d’une nouvelle paroisse au Bois de la Roche ; que chacune prétendait avoir des droits sur le corps de la servante de Dieu. Pour l’amour de la paix, M Chantrel recteur de Néant, commanda après autorisation de qui de droit, l’exhumation des restes précieux de Mademoiselle du Bois de la Roche.

Lors de la restauration de l’église de Néant, en 1963     le tombeau en marbre blanc a été transféré dans le transept gauche. La grille entourant le monument n’a pas été remise.