Les vitraux de l’église du Graal de Tréhorenteuc sont au nombre de douze.

L’aventure des vitraux démarre dès l’arrivée de l’Abbé Gillard en 1942, avec au total 11 commandes successives auprès de l’atelier Uzureau de Nantes. Les livraisons, mises à mal par les temps de guerre et les difficultés de financement de l’Abbé Gillard, s’étaleront jusqu’en 1949. La onzième commande du maître vitrail ne sera jamais livrée par les ateliers Uzureau. En effet pour diverses raisons, le projet de l’Abbé Gillard ayant évolué, celui-ci se tournera en 1951 vers un autre atelier, celui de Jean Jacques Grüber, pour la Maîtresse vitre du chœur que l’on peut voir aujourd’hui, et le vitrail du zodiaque de la sacristie qui sera réalisé en 1952.

Il ne reste plus de vitraux antérieurs au passage de l’abbé Gillard.

Dans l’ordre chronologique, on trouve tout d’abord :

Les deux vitraux du chœur :
Au nord, le vitrail intitulé « L’action de grâce » (clin d’œil au monastère de Mauron) représente le Christ attablé avec ses apôtres sauf un, laissant un siège vacant, allusion au siège « périlleux » de la légende Arthurienne. On remarquera qu’à ce « stade » le Christ est encore vivant, et que la table est vide, (pas de pain ni de vin). Seul un gobelet vert symbole du Graal se trouve sur la table. Il est « éteint » car vide. Ce tableau célèbre la Cène et le jeudi Saint.

 

Au sud, c’est « l’apparition du Saint Graal ». On y voit le Christ crucifié, qui perd son sang recueilli par des anges dans un gobelet vert, qui cette fois-ci s’illumine car il est dès lors le Graal ayant recueilli le précieux Sang du Christ.

Ne nous trompons pas sur la signification donnée par l’Abbé Gillard à ce Graal. Il écrit dans son livret « Vérités et légendes de Tréhorenteuc », paragraphe sur l’écriture idéographique : « Sur le vitrail représentant la Table Ronde, non seulement Jésus est crucifié, mais il est mort. Tous les chirurgiens sont d’accord pour déclarer que, sur un mort, le sang ne gicle pas. Dans ces conditions, si, du côté droit de Jésus, il sort un jet de liquide surabondant et inépuisable, il faut admettre que ce n’est pas du sang. Ce sont, en écriture idéographique, les mérites de Jésus-Christ ».

En bas, le roi Arthur entouré des chevaliers de la Table ronde. Sur la table on trouve maintenant du pain et du vin symbole de l’Eucharistie célébrée en « remplacement » de la présence du Christ. Ce vitrail célèbre le Vendredi Saint.

 

Les deux oculi :
Celui de la chapelle sud représente Saint Eutrope, Saint Patron de l’église de Tréhorenteuc depuis 1516. Saint Eutrope fut un des grands saints des premiers temps de la Gaule, et fut martyrisé à Saintes. Son nom veut dire « tourné vers le bien ». A quelques siècles près, il est contemporain de sainte Onenne qui est une des saintes des premiers temps de la christianisation de l’Armorique. La teinte principale de cette chapelle et de ce vitrail est le rouge.

 

Celui de la chapelle de la Vierge, dans une dominante de ton bleu, est appelé « Celle qu’aima Sainte Onenne ».

Il fait allusion à une partie de la légende de Sainte Onenne. En effet celle-ci avait pour habitude d’offrir de grands bouquets de fleurs (cueillies dans le jardin de sa maîtresse pour qui elle gardait les oies), et de les offrir à l’autel de la Vierge. Ayant alors fermé les yeux pour prier, deux anges venaient la prendre pour l’élever au niveau du visage de Notre-Dame qui l’embrassait sur le front, puis la reposaient au sol sans que la petite sainte ne s’en soit aperçu. (C’est sa maîtresse qui, intriguée par la disparition de ses fleurs, et ayant suivi discrètement Sainte Onenne jusqu’à l’église, qui fut témoin de la scène…)

 

Les six vitraux reprenant les grands moments de la vie de Sainte Onenne :

« Sainte Onenne change d’habit avec une pauvresse »

C’est le moment ou encore enfant elle quitte son monde de princesse pour devenir gardienne d’oies.

«  Sainte Onenne recevant le baiser de la Vierge »

Qui reprend la légende du bouquet de fleurs et du baiser de la Vierge.

« Sainte Onenne recevant la bénédiction de Saint Elocan »

Sa vie de sainteté est reconnue.

« Saint Onenne défendant son honneur »

Gardienne d’oies dans les landes de Tréhorenteuc, elle est agressée par un jeune seigneur attiré par ses charmes. Par chance, ses oies se mettant à crier pour la protéger, feront venir des paysans qui travaillaient non loin et qui pourront ainsi la sauver.  C’est malgré tout à partir de ce moment que sa santé va décliner…

« Sainte Onenne montrant son testament »

Sentant sa mort approcher, elle remet son testament à son confesseur.

« Enterrement de Sainte Onenne »

Ce dernier vitrail représente le corps de Sainte Onenne portée par la foule, entrer dans l’église de Tréhorenteuc.

Si l’on suit l’ordre chronologique des vitraux, les trois premiers se trouvent au sud, et les trois suivants au nord. Il faut donc traverser en diagonale l’église pour passer du troisième au quatrième. On dessine ainsi un grand « N » majuscule sur le sol de la nef, « N » étant la sonorité dominante du nom de Sainte oNeNNe….

Le maitre vitrail du chœur, appelé de nos jours vitrail du Graal :

Il aurait été inspiré par le vitrail dit « d’Anne de Rohan-Chabot, comtesse de Périgord » que l’on peut voir dans la basilique de Josselin, tout proche de Guégon où est né l’Abbé Gillard. Réalisé par les ateliers Grüber père, il aurait incité l’Abbé à se tourner vers son fils Jean-Jacques pour le réaliser.

Le thème principal est celui du Christ ressuscité, aux pieds duquel on peut voir Joseph d’Arimathie agenouillé, et au-dessus de ces deux personnages un Graal flamboyant. Dans la profusion de détails de verdure qui entoure la scène, hommage à la forêt de Brocéliande, on découvre entre autre un blason de Jérusalem. Allusion à la Jérusalem céleste, et dont on pourra voir un « reflet » dans la mosaïque du blason de Jérusalem présente sur le sol au centre du chœur. En effet l’Abbé Gillard écrira « que toute église est une petite Jérusalem où à chaque messe se rejoue la passion du Christ. »

Tout en haut, deux anges portent un phylactère portant la mention « le calice de mon sang » Nous sommes bien au cœur de l’Eucharistie.

Aux quatre coins de ce vitrail, on retrouve les quatre évangélistes sous la forme d’un tétra-morphe, l’aigle de Saint Jean, l’ange de Saint Mathieu, le lion de Saint Marc, et le taureau de Saint Luc.

La teinte dominante est le violet, mélange de rouge et de bleu. Or ce vitrail est au centre de l’église, entre les chapelles de la Vierge teinte bleue, et la chapelle  Saint Eutrope teinte rouge. Le christ ressuscité est la somme des contraires, ou la globalité retrouvée.

Enfin, au pied du vitrail on remarquera un couple représenté en prière.

Il s’agit d’Euphémie Thétiot, seconde femme du parrain de l’Abbé et de son fils Louis. Celui-ci sera malheureusement tué à la fin de la guerre. De tristesse, sa mère en décédera rapidement, cédant à cette occasion ses biens à l’Abbé, rendant ainsi possible la réalisation de ce chef d’œuvre. Sans ce drame, celui-ci, n’aurait surement jamais pu être financé.

 

Le vitrail du zodiaque et de la Lux Perpétua :

On le trouve dans la sacristie. Douzième et dernier vitrail, il représente une croix flamboyante autour de laquelle se déroulent les douze signes zodiacaux. Le message en est, que si vous placez la Lumière du Christ au centre de votre vie, celle-ci, représentée par les 12 mois de l’année, se déroulera dans l’Espérance, matérialisée par la teinte verte.

Si habituellement tous les zodiaques tournent dans le sens des aiguilles d’une montre, passant du signe du poisson à celui du bélier, pour l’Abbé Gillard, c’est tout le contraire…. En effet pour lui et son interprétation des « idéogrammes », le poisson de par sa silhouette  représente l’Alpha, et le bélier avec la forme de ses cornes l’Oméga.  Notre année ne peut pas passer en un seul mois de l’alpha à l’oméga, du début à la fin. Il fait donc tourner son zodiaque en sens inverse, pour couvrir les douze mois de l’année (Voir « le Zodiaque » dans le livret « Vérités et légendes de Tréhorenteuc »)…. Du pur Abbé Gillard….